750 grammes
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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 17:27

En cette fin d'après-midi, le chat ne devrait pas tarder à venir rôder par ici, attiré par le fumet d'arêtes qui frémit doucement sur un coin du fourneau. Sitôt levés, les filets de griset et de lieu ont été mis à l'abri au froid. Vais-je t'abandonner les têtes aujourd'hui pauvre félin? Tu n'es pas habitué à autant de concurrence pour les morceaux les plus délicats et tu joues de malchance car aujourd'hui je suis bien décidé à cuisiner ces regards qui me fixent. 

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Nous allons préparer une fondue japonaise, recette puisée dans un coin de ma mémoire. J'ai goûté ce plat pour la première fois à Kyoto, ville dont les habitants ont la solide réputation de dépenser beaucoup pour leur garde-robe et ce qui reste pour la cuisine, comprenez qu'ils savent tirer le meilleur parti de leurs achats au marché, jugez plutôt des ingrédients de notre recette :

  • un morceau de laminaire séché ou "kombu" 
  • un fumet de poisson préparé avec les arêtes seules (pas d'oignon ni rien du tout) 
  • une tête de poisson par convive
  • quelques chutes de poisson qui n'auront pas été prélevées en filet (ventrèche, queue)
  • un demi chou chinois 
  • un pavé de tofu frais, le plus tendre possible (disponible en coop bio)
  • un citron ou du vinaigre de riz
  • sauce de soja
  • riz rond
  • oeufs frais
  • cive japonaise ou à défaut ciboulette

La première chose à faire est d'écailler les têtes si cela n'a pas été fait au moment de lever les filets. Ensuite nous allons ôter les branchies qui n'apportent rien si ce n'est un goût désagréable et ne sont pas comestibles. Nous prenons soin de bien essuyer le sang résiduel. Réservons nos têtes ainsi nettoyées. 

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Découpez un morceau d'algue "kombu" séché. Essuyez avec un linge humide les traces de sel et déposez dans votre plat à fondue rempli aux 3/4 d'eau froide. Laissez ainsi l'algue tremper pendant 30 minutes. Pendant ce temps lavez, tranchez votre chou chinois et découpez le tofu en cubes, lavez bien votre riz et faites-le cuire, réservez. 

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Au bout de trente minutes, l'eau a déjà pris une légère teinte jaune. Placez votre plat à fondue sur le feu en vous assurant bien qu'il s'agit d'un grès de cuisine. Quand l'eau frémit, baissez le feu, l'algue ne doit jamais bouillir. Ecumez et placez votre plat en terre sur un réchaud à fondue pour un diner plus convivial. Vous pouvez à présent couvrir en maintenant au chaud et préparer dans autant de bols qu'il y a de convives le mélange suivant :

  • 2 cuillères à soupe de fumet de poisson
  • une cuillère à soupe de sauce de soja
  • du jus de citron ou du vinaigre de riz selon vos goûts

Déposez dans le bouillon d'algue du tofu, du chou et du poisson, couvrez pour laisser la température du bouillon augmenter et réglez votre feu afin que l'eau frémisse mais ne la laissez pas bouillir. La cuisson ne doit pas être trop longue (2 à 3 mn), aussi l'intérieur de la tête reste-t-il légèrement rosé. Servez-vous dans le plat avec des baguettes (le plus pratique pour prélever ensuite dans votre bol la chair délicate du poisson) ou une petite écumoire et mélangez à votre sauce qui va tiédir. S'agissant d'une fondue, renouvelez autant de fois que nécessaire l'opération. Quand il n'y a plus ni tofu, ni légume, ni poisson, prélevez les éléments indésirables du bouillon (nageoires, queues etc...) et versez-y le riz tiède. Laissez sur le feu jusqu'à obtenir la consistance d'un gruau. Cassez un ou deux oeufs et délayez les partiellement dans le gruau de riz. On peut selon les goûts ajouter un trait de sauce de soja dans le bol et les cives émincées au moment de servir. Ce plat d'hiver est très nourrissant mais reste digeste car sans aucun apport de matière grasse. A consommer donc sans modération. 

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Ami lecteur rester svelte n'est pas si dur

Cuisine simplement et observe ta nature

 

 

 

 

 

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25 février 2011 5 25 /02 /février /2011 20:57

Quand on prononce le nom de ce coquillage, c'est la noix qui vient en premier à l'esprit, c'est à dire un dixième à peine du poids de coquille St Jacques entière. Quid de la coquille? De la barde? du corail? 

La coquille était valorisée en cendrier jusque récemment mais depuis la loi Even et le désamour qui touche les fumeurs on dut se rabattre sur les castagnettes qui souffrent du manque de vocations ou encore la confection de colliers exotiques du meilleur effet à la descente d'avion mais je dois me tromper de siècle, c'est fâcheux. 

La barde elle, gagne à être connue. Passons si vous le voulez bien notre couteau dans le bivalve pour découvrir son intimité. Merveilleux ordonnancement, le coquillage se livre très facilement. L'oeil avertit se laissera convaincre une fois de plus qu'il n'y a pas grand chose à jeter au chat. Passons sur le corail, les recettes le concernant sont nombreuses. 

Finissons de décoller la noix au couteau et posons le tout sur notre planche. Avec la pointe de la lame on dégage rapidement la noix qui escalopée donnera un sushi fort délicat.

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Prélevons l'appareil digestif, sorte de petite vésicule qui fera ou non le bonheur du chat. On se souvient que l'animal est souvent plus fin gourmet que son maître. Etalons de tout son long la barde sur notre planche de découpe et raclons-la avec le dos d'un couteau pour éliminer la pellicule sombre et visqueuse. Rinçons les bardes ainsi nettoyées idéalement avec de l'eau de mer. Toutefois, si le sixième sans ascenseur vous décourage de passer à la plage, une eau glacée fera l'affaire. Egouttons. On peut maintenant sécher les bardes dans un four à 100° jusqu'à ce qu'elles deviennent caoutchouteuses. Cela fera un excellent amuse-gueule à l'apéritif. Il est en effet bénéfique de mastiquer les bardes à la veillée. Musculation des maxillaires et stimulation cérébrale garanties.

Autre possibilité, la fricassée de barde. Dans ma casserole, je mets un fond de bouillon de poisson ou bien du dashi (bouillon d'algue kombu et bonite séchée), quand cela frémit, je verse mes bardes, une cuillère à soupe de sauce de soja, une cuillère à soupe de sake ou de vin blanc, une cuillère à café de sucre et je laisse ainsi réduire. Pour le vulgaire on peut lier le tout avec un peu de crème fraiche mais je le déconseille farouchement. Je voudrais ici pousser mon coup de gueule contre toutes les sauces de vacher. La crème n'apporte rien d'autre que de la vulgarité et un affreux goût de vache. Si vous voulez préserver la saveur du produit marin, cessez de le polluer avec ces ersatz industriels. Déglaçage, réduction, un point c'est tout. Le résultat obtenu fera un accompagnement original à un plat de pâtes ou de riz.

 

Produits laitiers vous sonnez la déconfiture

De purs fumets, du goût simple de la nature

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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 07:46

DSCF4980A l'assaut des papilles!! Gunkan signifie char de guerre en japonais, tout un programme pour cette boulette de riz caparaçonnée dans son écrin d'algue. Plus délicat à réaliser, le gunkan se distingue du maki classique par le fait que les ingrédients qui le composent ne sont pas pressés ou découpés ultérieurement. C'est toute la subtilité du gunkan, on ménage une petite piscine où faire flotter son imagination débridée juste au dessus de la boulette de riz. Vous aurez probablement aperçu le gunkan maki d'oeufs de saumon sur les emballages d'algue nori. Pour l'heure, exit les oeufs de saumon d'élevage, ce blog ne s'y intéresse pas. 

Une piscine donc, un espace de liberté où j'aime mêler les saveurs et les textures. L'une d'entre elles me fascine particulièrement. Nous l'appellerons texture "neba-neba". Neba est assez difficile à traduire ; mucilagineux dirions-nous mais c'est un peu plus compliqué, imaginez plutôt : quand la terre glaise est assez plastique pour rouler entre les doigts on dit qu'elle a du "nebari". Un blanc d'oeuf est visqueux certes mais il n'est pas neba-neba. Par contre l'igname fait partie de cette famille d'aliments dont raffolent bon nombre de japonais, le natto ou haricots de soja fermentés aussi. Bref, tout ce qui file et laisse comme une pellicule. Les japonais connaissent les vertus pour la santé de ces ingrédients encore trop méconnus des occidentaux. DSC 8789Pour ce gunkan maki, j'ai choisi l'igname en association avec les oeufs d'encornet. Je conseille de trouver un petit quelque chose pour donner un brin d'agressivité, il s'agit de ne pas se laisser endormir par la douceur de l'ensemble en bouche. De la mesure en toute chose car les oeufs d'encornet ont un goût très subtil qui ne résisterait pas à une épice. Aussi, un fragment de zeste de citron vert serait-il ici le bienvenu.

Cependant un mise en garde s'impose. L'expérience du neba-neba ne plaît pas à tout le monde. Testez-la avant de passer à la production de masse, les palais sont parfois assez rétifs. 

Le gunkan maki c'est la liberté disais-je, la seule limite étant la résistance de la feuille d'algues et celle de vos convives. Carpaccio de poisson, de fruits ou julienne de légumes s'y rencontrent à merveille. Alors amusez-vous !

Ami le salut n'est point dans la friture

Souviens t'en tous les goûts sont dans la nature

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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 06:52

Non, il ne s'agit pas d'un commentaire de texte de l'oeuvre de Sôseki mais d'une réflexion sur la frugalité et la redécouverte du poisson. On pourrait plagier un célèbre homme politique amateur de bonne chère en affirmant : "Dans le poisson tout est bon". Alors chers lecteurs et lectrices ne jetez plus les arêtes et la tête, faisons honneur au poisson sauvage de plus en plus rare et consommons-le entièrement. Voici comment.

Pour devenir un chat il faut tout d'abord en acquérir la dextérité et autant dire qu'avec une fourchette et un couteau, vous partez avec un handicap certain. munissez-vous donc de baguettes, les meilleures pour cet exercice étant celles à bout pointu, pour la petite histoire consultez le lien intitulé "the japanese tradition, hashi" à droite de cette page.

Si vous avez un chat à la maison, sacrifiez-lui une tête de daurade et observez. L'animal a bien compris qu'on lui sert le morceau du roi et son palais ne le trompe pas, il déguste toute la tête, sauf les branchies. Suivez donc son enseignement, débarrassez-vous immédiatement de celles-ci. Que ce soit pour une consommation cru ou cuit, il faut absolument les ôter car elles peuvent nuire au goût et à la conservation. 

Prenez un rouget, videz-le, retirez les branchies et levez les filets. Personnellement, je n'écaille pas le rouget lorsqu'il est destiné aux sushis car sa peau étant assez fragile elle résiste mieux au passage du couteau et l'on peut ainsi procéder en une seule passe. Si vous avez plusieurs rougets je dispose les arêtes sur un papier sulfurisé avec un trait d'huile d'olive et une pincée de kari Gosne. La chair résiduelle sur l'arête dorsale est délicieuse. On peut procéder ainsi avec le maquereau et le chinchard. Les têtes elles seront grillées. Surtout n'écaillez pas, les chairs délicates autour des yeux dessècheraient irrémédiablement au feu. Vérifiez la cuisson, l'intérieur de la tête doit rester rosé. Munissez-vous de vos baguettes et soulevez délicatement les écailles des joues. Les chairs les plus fines et les plus goûtées sont celles que vous trouverez autour des yeux et sous la mâchoire. Réservez-vous la gélatine des yeux pour la fin, suprême petite douceur. Après vous, le pauvre chat n'a plus qu'à se rabattre sur ses croquettes. Il ne vous regardera jamais plus comme avant. 

tai3Dans mes débuts au Japon, j'étais surpris de voir les enfants se battre pour déguster les yeux. Surpris aussi qu'on serve la tête de la daurade aux invités de marque. Il existe un jeu de mot sur ce poisson dit "Taï"鯛. Omedetaï signifie féliciter et l'on a ainsi pour coutume de servir la daurade dans les banquets de mariage et au jour de l'an. Avec un peu de pédagogie vous serez bientôt prêts vous aussi à faire apprécier les têtes à vos illustres invités.

Par le passé en Europe, les populations n'avaient pas ces préjugés d'enfants gâtés, la curiosité était exacerbée par la faim. Observez votre chat, ne passez plus à côté de véritables festins. 

Lectrice, lecteur souviens-t-en, tous les goûts sont dans la nature. 

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21 février 2011 1 21 /02 /février /2011 21:21

naufrage

A Doëlan le quai est désert, le parking itou, pas de pêche aujourd'hui et j'ai pourtant promis juré, la date est en rouge sur mon agenda. Ce soir ce sera sushi pour tout le monde mais quand on ne bloque rien au froid il faut avoir de la ressource et un minimum le sens de l'improvisation... Ce soir qu'est-ce qu'on mange? 

L'heure n'est pas à se plaindre du temps ou de la pêche, je respecte ce métier plus que tout autre et j'espère ne pas voir la fin de la pêche artisanale sur nos côtes. Voir les bateaux au mouillage ce n'est drôle pour personne. Pour le patron de pêche, c'est un jour sans et on ne se refait pas la plupart du temps. Pour avoir tenté une sortie, certains ont pris des risques inouïs tel le pilote de ce bateau qui ne partira plus. 

Ce soir je dois surprendre mais avec quoi? Les langoustines sont bien vivantes et m'attendent avec les St Jacques, j'ai eu quelques encornets au Belon mais pas de quoi tenir en haleine une table. La nuit parfois je fais un cauchemar, l'équivalent du trou de mémoire pour un acteur. J'ai recréé l'image en studio avec Philippe et cela donne à peu près cela.

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Pas de poisson, pas un poisson, il faut donc composer un menu exceptionnel. Je fouille ma mémoire, je la trifouille. Je revois à Honmachi, un des quartiers d'affaires d'Osaka, un petit restaurant où les salarymen venaient faire la pause de midi. Un restaurant minuscule qui s'était fait une spécialité du "bazushi" 馬寿司 ou sushi de cheval ainsi que des assiettes de sashimi de cheval, une note fort peu glamour dans la cuisine de l'archipel nippon. Certains japonais aiment le turf, les chevaux de course finissent ainsi leur carrière parfois aussi éphémère que la floraison des cerisiers. Il n'était pas question de créer l'évènement au dîner en proposant mon cauchemar ou une resucée du bazushi. L'essentiel était de maintenir un cap ; sushi ne veut pas forcément dire poisson. Voyons, je peux me procurer de beaux magrets de canard et du boeuf mais quelle pièce? Je ne suis pas un viandard, j'aime la viande en quantité infime, l'araignée, la hampe sont des morceaux de choix qui demandent à rassir et ne conviennent donc pas à la consommation en cru. Et pourquoi pas cuit? Oui franchissons le Rubicon et proposons une interprétation du "bulgogi" coréen. Une viande marinée avant cuisson. Tout s'éclaire ! J'ai mon repas. Hélas je ne trouve pas la pièce bien persillée dont je rêvais. Une belle tranche de filet emporte la décision. Cuisson minute, très légère caramélisation, réaction de Maillard et sans tarder je monte cela en sushi. Je confie alors à l'ami photographe en lui tendant son sujet  encore tiède dans la bouche : "C'est le petit Jésus en culotte de velours". Silence, il déguste lentement, l'oeil mouillant. J'ai fait mouche. 

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Ce sera la petite délicatesse finale mais pour l'amener il me faut trouver un goût puissant. Le sushi de magret sera servi cru, la difficulté étant de trouver le bon angle de coupe et l'on remplacera avantageusement le wasabi par une purée de... je vous laisse chercher par vous-même. Des cives Kujonegi 九条ネギ du jardin feront s'envoler les papilles haut, très haut.

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A bientôt lecteur, lectrice et sois en sûr, tous les goûts sont dans la nature. 

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Présentation

  • : wabisabi, l'invitation au sushi
  • : De la fraîcheur avant toute chose, aux rayonnages des boutiquiers, aux étals pléthoriques je préfère la mer. Faire bon et sain, avec ce qui se présente à proximité. Vivre au bord de la mer sans lui tourner le dos. Accepter ce qu'elle offre, abondance et frugalité. Je parle de cuisine, de la préparation des fruits de mer et du poisson sans systématiquement donner de recette mais pour inciter à réfléchir sur l'utilisation optimale de la ressource. Cuisine japonaise revisitée à la mode bretonne.
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L'auteur

  • wabisabi
  • Plus de la moitié de ma vie passée en Asie, j'ai fini par revenir à mes racines. Des images plein les yeux et le palais riche de saveurs variées. Une histoire de terroir dans un espace mondialisé.
  • Plus de la moitié de ma vie passée en Asie, j'ai fini par revenir à mes racines. Des images plein les yeux et le palais riche de saveurs variées. Une histoire de terroir dans un espace mondialisé.

Citation

"Pourquoi rester n'importe qui alors qu'en connaissant vos ressources profondes rien ne vous empêche de devenir n'importe quoi!"

A. Vialatte

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